Dire que je pars, et que je ne vous ai
pas encore parlé de la moitié des sujets que je voulais aborder sur
ce blog. Je n'ai certainement pas réussi à casser tous les clichés
que l'on peut avoir sur l'Afrique. Je ne sais pas pourquoi je me suis
sentie investie d'une mission journalistique que je n'aurai pas
réussi à remplir, faute de temps. Il aurait fallu vous dire encore
les différents quartiers de Buja, chacun avec sa personnalité
propre.
Kanyosha, la commune populaire par
excellence, qu'on pourrait s'imaginer peuplée de bidonvilles, mais
finalement pas tant que ça. Le centre-ville, plutôt propre car
entretenu par un grand nombre de femmes employées par la ville et
que l'on voit se casser le dos à longueur de journée pour couper la
pelouse sur les grands boulevards ou bien balayer les trottoirs,
véritables Sisyphes.
Mon quartier dont les fossés sont de plus en plus encombrés de
mauvaises herbes car depuis juillet, quand le Président a levé pour
un mois l'obligation des travaux communautaires du samedi matin, plus
personne n'a voulu remettre la main à la pâte. Désormais, c'est
sommeil communautaire.
Les transports. Les mini-bus dans
lesquels on se tasse à 20 personnes quand, en France, on ne logerait
pas à neuf. Les chauffeurs alcooliques qui se croient toujours
prioritaires et ne regardent même pas les piétons. Les routes
pleines de trous qu'on a fini par apprendre par cœur. Les vélos
surchargés de paille non encore séchée ou de bidons vides qui
traversent la plaine de l'Imbo. Les vélos qui remontent vers
Bugarama et franchissent les quelques 1000 mètres de dénivelé en
s'accrochant au cul des camions. On en voit parfois une quinzaine par
camion. Les accidents de la route... et toutes ces raisons qui font
que je n'ai pas pris le volant une seule fois depuis le début.
Les magasins improvisés dans des
containers. Les kiosques en bois pourris où on peut acheter des
unités pour son téléphone, des beignets et n'importe quoi, en
fait. Les vendeurs à la sauvette sur les bords de route et que l'on
siffle en passant pour qu'ils accourent vers notre véhicule avec aux
mains des cigarettes, des unités ou des bananes. Les alimentations
qui peignent sur leurs murs les produits qu'ils vendent, comme celle
qui est proche de la cathédrale et qui propose des serviettes
hygiéniques.
La manière dont les gens parlent
français ici, avec tout plein de belgicismes. Le fait qu'au bout de
neuf mois, je prononce le t à la fin du mot « vingt »,
et qu'on ne dise plus que « septante » et « nonante ».
Le kirundi que je n'aurai jamais appris.
Et puis j'ai oublié un peu ce que
j'écrivais au début. Est-ce que je vous ai dit qu'on sifflait les
serveurs ? Que les gens ici avaient très peur des chiens ?
Paraîtrait en effet qu'ils mangeaient les cadavres durant la guerre
civile.
Ah la la. J'ai pas fini, j'ai pas
fini...