La personne à qui ce message est destiné se reconnaîtra...
samedi 31 mars 2012
Alter Ego
Que de mouvement à l'école : les
quatre étudiants burundais qui étaient « trop bons » en
français pour suivre mon cours nous ont quitté la semaine dernière.
Ils ont été remplacés par quatre autres qui sont pour le coup de
vrais débutants : Berchimas, Masudi, Zacharie et Ettien. Ou
peut-être Étienne. Je ne suis pas sûre de la manière dont on
écrit son prénom, d'ailleurs lui non plus. Il est parfaitement
analphabète et devrait donc quitter ma classe rapidement pour aller,
au mieux, rejoindre une école d'alphabétisation, ou plus
probablement retourner dans son unité et faire semblant de rien.
Mes nouveaux étudiants burundais ne
sont pas allés plus loin que l'école primaire, ils ont en moyenne
30 ans, rapide calcul : ca fait bientôt 20 ans qu'ils n'ont pas mis
les pieds dans une école et les mains sur un stylo. C'est aussi
difficile pour eux que pour moi. Besoin de discipline, absence totale
de créativité, facultés intellectuelles assez limitées pour
certains... Pas question de trouver la règle à partir des exemples.
Toutes les belles méthodes que j'ai apprises en cours sont – pour
le moment – inapplicables. C'est le retour à la méthodologie
traditionnelle, ou presque. Pas évident, mais ils ont le mérite
d'essayer sans renoncer et d'être toujours gentils.
J'ai également récupéré deux élèves
ougandais, Stéphane et Robert, qui sont pour l'instant les seuls à
venir de l'EAC, contre les huit prévus initialement qui arriveront
peut-être un jour. Ils parlent déjà un peu le français et
constituent donc un niveau avancé, mais moins que ceux d'avant. On
m'a également trouvé un assistant fort sympathique, Édouard, qui
s'est bien vite rendu compte qu'il jouerait le rôle d'un second
professeur. Il s'est occupé cette semaine du niveau avancé pendant
que je faisais cours aux débutants. La semaine prochaine, j'ai
besoin d'un peu d'air frais et j'irai retrouver mes deux étudiants
ougandais qui ont toujours la pêche. Ça sert à ça, le travail
d'équipe !
samedi 24 mars 2012
vendredi 23 mars 2012
5, avenue de la paix
Notre maison est un réel havre de
paix. Tous les matins je me lève la première et je petit-déjeune
sur la terrasse, je prends le soleil et j'écoute les oiseaux. Quand
je rentre le midi, Lauréline est souvent de passage et nous
déjeunons ensemble. Michael ne rentre que le soir et nous rejoint,
fatigué. Les jours de chance, nous observons les lézards avaler
goulûment quelques papillons de nuit, un spectacle qui remplace
largement la télévision. Que nous n'avons pas. Régulièrement,
l'électricité est coupée entre 19h et 21h, sans compter la coupure
générale de la nuit. Alors nous passons un paquet de soirées aux
chandelles. Nous avons engagé un cuisinier pour ce mois ci, il nous
fait de bons petits plats deux fois par semaine, ce qui nous permet
de varier les menus de temps à autre. Je rêve tout de même d'un
bon gâteau au chocolat mais c'est une denrée rare et chère. Le
restaurant où Michael déjeunait tous les jours depuis novembre
vient de fermer pour insalubrité, nouvelle répugnante s'il en est.
Nous avons également adopté un nouveau coloc qui passe en moyenne
cinq minutes par jour à la maison, mais qui avait besoin d'un
endroit où poser ses valises. Il a ramené sa tondeuse dans une
boîte de galettes de Pont-Aven qui trône fièrement dans notre
salle de bain. Les gardiens ont commencé à préparer le jardin pour
faire un potager et nous devrions bientôt adopter un animal de
compagnie...
À part ça, mon frère a aujourd'hui
vingt ans. Je t'aime Bastien :-)
jeudi 22 mars 2012
Cartes
L'autre jour, constatant de grosses lacunes en géographie, je décide d'embarquer une vieille carte du monde qui traînait à la maison pour la montrer à mes élèves. On l'a posée sur une table et les deux débutants l'ont longuement observée. Je pense qu'ils n'en avaient jamais vues de si près. L'exercice consistait à dire sur quel continent se trouvaient plusieurs pays dont ils n'avaient, a priori, jamais entendu parler. Alors ils ont cherché l'un après l'autre, je les guidais un peu et je regardais leurs doigts se déplacer de pays en pays. Ils ont pu comparer la taille de leur pays à celle de la Russie, ou même de la Tanzanie voisine dont ils ne connaissent presque rien. À la fin de l'exercice, on retourne à nos manuels, et dès la pause les revoilà au dessus de la carte pour continuer leur exploration. Un moment particulièrement émouvant...
dimanche 18 mars 2012
Mont Sion
samedi 17 mars 2012
Alive and Teaching
(Désolée pour les messages qui se font attendre. J'ai Internet de loin en loin et peu de temps pour écrire. Je tente d'y remédier. Quinze jours déjà...)
Voilà donc quelques jours que mes
premiers élèves sont arrivés à Bujumbura. Ils sont pour l'instant
au nombre de six, tous très gentils mais avec d'énormes différences
dans leurs compétences en langue française, ce qui ne me facilite
pas la tâche. Ils s'appellent Pierre-Claver, Ferdinand, Philippe,
Jean-Pierre, Richard et Ernest, ils ont la trentaine et, pour la
plupart, des enfants dont je vous épargne les prénoms... Bon, je
vous dis juste mon préféré. Jospin Brown.
Bref, je m'éloigne. Tous les matins je
me lève à 6h15 (Oui madame !), Appolinaire passe
me chercher et j'arrive à l'école vers 7h30, l'heure du salut au
drapeau. Si tout se passe bien, le cours commence une poignée de
minutes plus tard. Dans la pratique, je commence vers 8h.
Après une évaluation initiale de
leur niveau, j'ai réparti les élèves en deux groupes : un groupe
de deux vrais débutants et un groupe de niveau intermédiaire à
avancé. Pendant quatre heures, je jongle entre les deux, je donne
des exercices aux uns pour passer du temps avec les autres, et ainsi
de suite. Je négocie actuellement pour dégager les niveaux plus
avancés et les prendre seulement de temps en temps afin de me
consacrer aux débutants.
J'attends encore des élèves des pays
voisins mais vu l'inorganisation ambiante, personne ne sait quand ils
arriveront, ni même qui ils sont. Les personnes qui s'occupent de la
scolarité sont agréables, prêtes à coopérer mais il semble juste
qu'elles aient oublié de préparer mon arrivée. La salle de classe a
bien été repeinte mais personne n'a songé à acheter de cahiers.
Chaque jour apporte donc son lot de nouvelles frustrations... bien
vite estompées par le sentiment d'avoir réussi sa matinée de
cours.
mardi 6 mars 2012
Nouvelles du front
Après ce voyage quelque peu chaotique, je suis bien arrivée samedi matin à Bujumbura. J'ai eu droit à un accueil fantastique de la part de mon responsable et de sa femme : ce sont eux qui m'ont trouvé une maison, prêté toutes sortes d'objets utiles pour l'aménager, invitée à sortir dès le premier soir, emmenée en randonnée le lendemain matin, et j'en passe. Ils ont géré une arrivée absolument formidable.
Je vis dans une grande maison avec deux autres Français, Lauréline et Michael, qui sont très sympathiques et déjà habitués à Bujumbura. Nous avons deux gardiens, Philbert et Juvénal, qui vous donnent une idée assez représentative de la mode en matière de prénom dans ce pays. Nous avons récemment décidé d'engager un cuisinier... pour les fois où on n'a pas trop envie d'aller au restaurant. La maison est chouette, on a un beau jardin et une terrasse avec des fauteuils hyper confortables. J'essaierai de publier des photos. On a l'électricité assez régulièrement mais vu l'augmentation de son prix, je pense que c'est le calme avant la tempête. Elle est coupée de toute manière entre 23h et 5h, sinon il n'y en a pas assez.
Je suis allée hier pour la première fois visiter ma future école et rencontrer mes collègues qui sont très enthousiastes de ma venue. Les élèves eux ne sont pas encore là. On espère les Burundais pour lundi prochain. Les autres seront là peut-être dans un mois... Je ne suis pas la seule à enseigner le français dans cette ville donc je profite de mon temps relativement libre pour rencontrer les autres professeurs et me préparer doucement à mon nouveau poste. Ce matin avait lieu l'ouverture de l'année académique, une cérémonie de trois heures à laquelle j'ai pu prendre part. Le président nous a fait faux bond au dernier moment et a envoyé son premier vice-président. J'étais donc assise à côté de tout le gratin burundais et j'ai pu assister à un défilé militaire, une démonstration de taekwondo, d'escrime à la baionette et au spectacle burundais par excellence, les tambourinaires. Ici pas de youtube, je vous laisse faire votre recherche comme des grands pour vous faire une idée.
Le climat est très agréable. J'ai même eu un peu froid l'autre nuit... Je n'ai vu le lac que de loin mais j'espère aller bientôt à la plage. Les gens sont extrêmement sympathiques envers les Muzungu (blancs) que nous sommes, les enfants nous interpellent dans la rue pour dire bonjour. Certains aspects du quotidien méritent d'être mieux développés et j'y reviendrai dans de prochains articles. D'ici là portez vous bien et j'essaierai d'en faire autant.
vendredi 2 mars 2012
Lost in translation
Since my friend Lisanne pointed out the
fact that « no one speaks french », I'll try to write
some English in there too. Here are the main pieces of information
you missed if you cannot speak my beautiful language (which is a
shame). I'll put all the articles written in English under one category so you can find it easily if you click on the link in the right column. Or you can just click here. I'll name it BBC for Burundi Broadcasting Corporation.
I am currently doing a master's degree
to become a French teacher in foreign countries. I found an
internship in Burundi and I will be teaching there for nine months from March to
November. My students will be 20 to 25 years old future military
officers from five different countries : Burundi, Tanzania, Rwanda,
Uganda and Kenya. They want to study french for one year in order to
attend the military academy.
Burundi is a very small country in the
heart of Africa, next to Rwanda, Tanzania and Congo. It's been
devastated by civil war but they are trying to build democracy again.
The capital city is called Bujumbura and lies on the shore of the
Tanganyika lake : that's where I'll be living. I'll be sharing a
house in the city centre with two other volunteers, I don't know much
about them, but there should a girl and a boy, both from France.
As a preparation, I've been studying
swahili, which is not the national language but is very widespread in
eastern Africa. The national language is kirundi but it is impossible
to learn when in France. French happens to be the other official language of Burundi because the country was once a Belgian colony. Also I had to get vaccines against various
illnesses such as yellow fever and meningitis. Then i got my visa and I was good to
go. I left my home yesterday.
I should be in the plane right now but
my flight has been delayed so I am waiting in Paris, I'll fly to
Nairobi during the night and I should arrive to Bujumbura in the
morning. I also should have started work on Monday but my students
have not arrived yet and, being optimistic, classes could start on
March 15th. But as my future boss puts it : nothing can be
done against african hazards...
Premières galères
Tout avait pourtant si bien commencé. Un au revoir familial sur le quai de la gare de Nantes. Une agréable soirée parisienne dans un petit restaurant thai près de la place de la Bastille. Une nuit de conversation existentielle chez mon pote Clément. Réveil à l'heure et départ pour l'aéroport. C'était sans compter sur :
- le mec relou qui a décidé que j'étais jolie et que c'était une bonne raison pour discuter avec moi tout le long du trajet en RER. Il a mené la conversation comme un grand, je me contentais de lui répondre poliment sans insister ni retourner ses questions. Ce qui ne l'a pas empêché d'aborder des sujets très divers (ai-je peur des rats ? ai-je déjà tué un serpent ?), puis il m'a dit que j'étais très féminine et que je n'étais certainement pas du genre à monter aux arbres. La réflexion était déjà assez surprenante en soi. Eh bien figure toi que ...
Cette photo a moins de 15 jours... |
Il a fini par descendre au premier terminal, c'est là que je l'ai semé. Bien entendu il est resté sur le quai à me faire coucou jusqu'à ce que le RER reparte...
- en sortant du RER, j'ai appris que les tickets que j'achète habituellement sont valables pour la zone 1, et que l'aéroport est en fait en zone 5, ce qui m'a naturellement valu 25 euros d'amende. Je ne suis pas parisienne, ça me gêne, ça me gêne...
- j'entre donc enfin à l'aéroport pour apprendre que mon vol pour Nairobi, sensé partir à 11h, est en fait retardé jusqu'à 19h30. Bien bien bien. Heureusement l'hôtel est offert, le deuxième petit déjeuner, le déjeuner, le wifi et tout. Je ne m'en tire pas trop mal. Donc là j'attends patiemment l'avion.
Kenya Airways - The pride of Africa !
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