lundi 29 octobre 2012

Intégration


Une petite réflexion entendue à l'école :
« Tiens je vous ai vus en ville samedi midi près du marché central, vous étiez trois »

Trois blancs, effectivement. Et une noire aussi, mais elle est passée inaperçue. Je n'ai pas voulu attaquer mon collègue sur ses préjugés, d'autant plus qu'ils sont fondés.

Comme pour la majorité des Bazungu, je travaille avec des Burundais et je passe le reste de mon temps avec des Européens, pour ne pas dire des Français. Au travail, je suis la seule blanche : tout le monde sait qui je suis, les enfants aiment venir me dire bonjour, les collègues parlent français avec moi et se laissent parfois aller à parler kirundi entre eux. La situation est normale, elle correspond précisément à ce à quoi je m'attendais en débarquant en Afrique.

Dès que je quitte le travail, je rentre dans ma maison gérée par France Volontaires où vivent trois ou quatre Français. Le soir, je sors en général avec les autres Français qui, jusqu'à il y a peu, vivaient dans l'autre maison gérée par France Volontaires. Nous sommes devenus, au fil du temps, un groupe de potes qui s'appellent automatiquement dès qu'ils bougent en ville, à savoir presque tous les soirs...

Parmi nous, quelques Burundais(es) font tout de même leur apparition : les petit(e)s ami(e)s de certains d'entre nous, de rares collègues de travail et Richard le rasta (une population très ouverte à l'intégration !). Un premier critère, celui de la francophonie, élimine déjà 75% de la population de notre liste de potentiels potes. Mais pour ceux qui sont devenus nos amis, pas toujours facile de nous suivre, ne serait-ce que financièrement parlant. On partage une bière le week-end mais pas un repas au bistrot tous les soirs. De plus, la moyenne d'âge des volontaires est de 25 ans, et les collègues qui ont nos âges sont souvent déjà mariés voire pères ou mères, ce qui limite les sorties. Et puis impossible d'inviter un musulman aux soirées saucisson ou à la soirée « bal mosquée »...

Et encore et toujours le choc de la culture. Les Burundais dont nous sommes les plus proches restent ceux qui sont très occidentalisés, qui peuvent parler musique ou cinéma avec nous, qui comprennent nos traditions, acceptent nos propos, par exemple sur la religion. Et restent bien souvent exclus dès qu'on parle de chez nous, qu'on se balade mentalement dans les rues de Nantes, de Lyon ou d'ailleurs, que l'on sort des blagues 100% françaises ou des jeux de mots un peu poussés. Bien sûr qu'on s'adapte, mais est-ce bien suffisant ?

Les amitiés mixtes sont donc possibles, mais bien souvent en tête à tête, et avec des gens tolérants des deux côtés. Tout ça pour dire qu'en fait, je vis en Afrique, mais j'ai un groupe de potes qui vient de la Bretagne, de la montagne, un peu d'Allemagne aussi, mais qui n'est pas exactement multicolore... Tant mieux ou tant pis, c'est ça aussi l'Afrique. Ça ouvre un peu les yeux sur les groupes d'immigrés qui restent entre eux et qui ne « veulent » soi-disant pas s'intégrer...

1 commentaire:

  1. C'est pas que l'Afrique, je trouve assez difficile de se lier d'amitié avec des Néo-Zélandais. On n'a pas les mêmes intérêts. Même si je pense qu'en Afrique, pour le coup, le fossé est bien plus grand.

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