Parlons
bien, parlons bouffe : quelques indications sur ce qu'on mange ici.
Première option : vous êtes
Burundais. Vous mangez de la pâte de manioc (manioc séché, broyé
en farine qui sera cuite avec de l'eau), des haricots, du riz (mais
vous savez le faire cuire de manière à ce qu'il ne colle pas) et
quelques légumes. À l'occasion, vous vous rendez au cabaret pour
manger une brochette de chèvre avec des frites de bananes, le tout
arrosé d'une Primus, la bière locale la moins chère. Vous êtes
largement mal-nourri et ne mangez que rarement trois fois par jour.
Deuxième option : vous êtes expat et
vous avez des standards sur lesquels il vous est difficile de
revenir. En fonction de votre budget :
- Vous allez faire vos courses au marché, vous négociez trois heures mais obtenez tout de même un tarif muzungu, vous cuisinez le tout chez vous. Pour les produits frais, vous les achetez au jour le jour dans la seule boucherie qui ne rend pas malade ou dans les poissonneries financées par la coopération des Pays de la Loire.
- Vous employez un cuisinier qui fait aussi les courses et vous mangez de très bons petits plats, les pieds sous la table.
- Vous mangez à l'extérieur, dans les hôtels et les restaurants. C'est cher, mais c'est bon.
Troisième option : vous êtes moi.
Pour le petit-déjeuner, vous vous
fournissez en pain (jamais frais), confiture de fraise, fruits divers
et thé burundais à l'alimentation voisine. Les matins où
l'électricité est aux abonnés absents, vous vous contentez d'un
verre d'eau du robinet qu'on peut boire sans tomber malade, surprise
! Le week-end, vous vous jetez sur quelques beignets achetés 100 Fbu
dans la rue, à moins que vous n'ayez passé commande auprès de
votre ami John qui travaille à la boulangerie française et vous
rapporte en débauchant croissants et pain au choc à prix
avantageux.
Pour le déjeuner, vous mangez à la
maison, une salade de crudités ou un guacamole suivi d'une salade de
fruits. En effet, depuis que la bouteille de gaz est vide, vous
n'avez pas voulu en racheter et préférez consommer crus les
produits frais tout droit venus du marché. Mais puisque vous
détestez faire les courses, vous envoyez votre gardien Philbert les
faire pour vous. Il n'a pas besoin de négocier le tarif muzungu mais
vous vole tout de même la différence si ce n'est plus. Vous risquez
carrément de choper une amibe et d'être malade toute votre vie
durant, mais tant pis, les avocats sont tendres et vous n'avez jamais
mangé d'aussi bons maracuja (aka fruits de la passion).
Pour le dîner, vous avez globalement
la flemme de cuisiner quoi que ce soit et vous sortez manger dans un
endroit proche de chez vous :
- le Shanghai et ses excellents beignets de légumes à la sauce aigre douce avec un riz blanc qui ne colle pas arrosé de sauce soja, et mille autres recettes chinoises succulentes
- la Scala, un joli cadre, toujours du football à regarder ce qui lui donne selon les garçons un avantage certain sur ses concurrents les soirs de match, de la bière pression et de la nourriture classique, surtout des snacks
- le Barnacle, décoré avec des voiles, des palmes, etc. Un propriétaire très sympa, un bruit de groupe électrogène assourdissant qui fait qu'on n'y va que les soirs où le quartier a l'électricité, une carte semblable à celle de la Scala avec en plus de bonnes brochettes, des pizzas et des « super lasagnes bolognaise »
- le Relax, un peu plus cher mais le lundi soir, vous pouvez y voir un rasta en santiags reprendre à la guitare des chansons de Céline Dion, et ça, ça vaut tout l'or du monde.
- Le Ku muyange, un cabaret où vous mangez des brochettes de bœuf (vous refusez de manger de la chèvre depuis que vous en avez une dans votre jardin) avec des frites ou des bananes bouillies, pas cher, pas trop mauvais, mais plein de voleurs.
Faites le bon choix. Hormis le chinois,
le temps d'attente moyen dans n'importe lequel de ces restaurants ou
cabarets est de 45 minutes, le temps de boire vos 72cl de Primus.
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