vendredi 2 novembre 2012

Miam


Parlons bien, parlons bouffe : quelques indications sur ce qu'on mange ici.

Première option : vous êtes Burundais. Vous mangez de la pâte de manioc (manioc séché, broyé en farine qui sera cuite avec de l'eau), des haricots, du riz (mais vous savez le faire cuire de manière à ce qu'il ne colle pas) et quelques légumes. À l'occasion, vous vous rendez au cabaret pour manger une brochette de chèvre avec des frites de bananes, le tout arrosé d'une Primus, la bière locale la moins chère. Vous êtes largement mal-nourri et ne mangez que rarement trois fois par jour.

Deuxième option : vous êtes expat et vous avez des standards sur lesquels il vous est difficile de revenir. En fonction de votre budget :
  1. Vous allez faire vos courses au marché, vous négociez trois heures mais obtenez tout de même un tarif muzungu, vous cuisinez le tout chez vous. Pour les produits frais, vous les achetez au jour le jour dans la seule boucherie qui ne rend pas malade ou dans les poissonneries financées par la coopération des Pays de la Loire.
  2. Vous employez un cuisinier qui fait aussi les courses et vous mangez de très bons petits plats, les pieds sous la table.
  3. Vous mangez à l'extérieur, dans les hôtels et les restaurants. C'est cher, mais c'est bon.

Troisième option : vous êtes moi.

Pour le petit-déjeuner, vous vous fournissez en pain (jamais frais), confiture de fraise, fruits divers et thé burundais à l'alimentation voisine. Les matins où l'électricité est aux abonnés absents, vous vous contentez d'un verre d'eau du robinet qu'on peut boire sans tomber malade, surprise ! Le week-end, vous vous jetez sur quelques beignets achetés 100 Fbu dans la rue, à moins que vous n'ayez passé commande auprès de votre ami John qui travaille à la boulangerie française et vous rapporte en débauchant croissants et pain au choc à prix avantageux.

Pour le déjeuner, vous mangez à la maison, une salade de crudités ou un guacamole suivi d'une salade de fruits. En effet, depuis que la bouteille de gaz est vide, vous n'avez pas voulu en racheter et préférez consommer crus les produits frais tout droit venus du marché. Mais puisque vous détestez faire les courses, vous envoyez votre gardien Philbert les faire pour vous. Il n'a pas besoin de négocier le tarif muzungu mais vous vole tout de même la différence si ce n'est plus. Vous risquez carrément de choper une amibe et d'être malade toute votre vie durant, mais tant pis, les avocats sont tendres et vous n'avez jamais mangé d'aussi bons maracuja (aka fruits de la passion).

Pour le dîner, vous avez globalement la flemme de cuisiner quoi que ce soit et vous sortez manger dans un endroit proche de chez vous :
  • le Shanghai et ses excellents beignets de légumes à la sauce aigre douce avec un riz blanc qui ne colle pas arrosé de sauce soja, et mille autres recettes chinoises succulentes
  • la Scala, un joli cadre, toujours du football à regarder ce qui lui donne selon les garçons un avantage certain sur ses concurrents les soirs de match, de la bière pression et de la nourriture classique, surtout des snacks
  • le Barnacle, décoré avec des voiles, des palmes, etc. Un propriétaire très sympa, un bruit de groupe électrogène assourdissant qui fait qu'on n'y va que les soirs où le quartier a l'électricité, une carte semblable à celle de la Scala avec en plus de bonnes brochettes, des pizzas et des « super lasagnes bolognaise »
  • le Relax, un peu plus cher mais le lundi soir, vous pouvez y voir un rasta en santiags reprendre à la guitare des chansons de Céline Dion, et ça, ça vaut tout l'or du monde.
  • Le Ku muyange, un cabaret où vous mangez des brochettes de bœuf (vous refusez de manger de la chèvre depuis que vous en avez une dans votre jardin) avec des frites ou des bananes bouillies, pas cher, pas trop mauvais, mais plein de voleurs.

Faites le bon choix. Hormis le chinois, le temps d'attente moyen dans n'importe lequel de ces restaurants ou cabarets est de 45 minutes, le temps de boire vos 72cl de Primus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire